Plus jeune, je suis passée par une première année de médecine. Je reste encore marquée par la première série de conseils que des étudiants des années supérieures nous ont donnés, alors que l’année universitaire n’avait même pas commencée…
Aujourd’hui, j’ai décidé de prendre un peu de temps pour moi et d’aller me promener un moment. J’ai marché dans le centre de Paris, le long des quais, je suis allée au Louvre, puis j’ai décidé de faire un crochet par les Tuileries avant de rejoindre l’Opéra Garnier. La lumière était belle : des rayons de soleil puissants malgré les épais nuages noirs et les quelques gouttes qui pleuvaient de temps en temps. Je me suis arrêtée un instant pour lire quelques pages d’un livre avant de repartir, car il faisait un peu froid, et je préférais rester en mouvement.
Bref, c’était cool, j’étais bien.
A un moment, je vois un bouc, dans une espèce de fossé, en plein milieu du Jardin des Tuileries. Un bouc enchaîné, en train de se faire piquer les flancs à coups de bec par un corbeau agressif. « Mais enfin pourquoi cette pauvre bête se trouve attachée ici, comme ça ? » J’essaye de m’approcher pour voir si au moins cet animal avait à boire, puis je cherche un écriteau, pour comprendre, une information quelque part.
Tout à coup, en pleine interrogation,je suis interrompue par un homme qui m’accoste.Je m’arrête, je dis bonjour. J’ai toujours ce réflexe poli de m’arrêter. Je suis bien élevée, et un peu trop naïve.
Pourquoi revenir spontanément sur le lieu d’une rencontre morte ?
S’asseoir sur un banc et attendre son apparition. Dans les baskets usées de ceux qui s’en servent et qui courent pour de vrai, le souffle accéléré, la sueur de l’effort des solitaires. Il n’est pas venu. Nous n’avions pas rendez-vous.
Les feuilles sont toujours aussi sèches et mortes, mais elles ne craquent pas sous le poids de ses foulées. Feuilles mortes, vent sec, arbres oranges, froid mordant. Comme mon coeur.
Doigts gelés.
Son absence plus prégnante que la présence de tous les autres, enfants, vieillards, touristes et chiens en laisse, tous niés, tous éteints. Il n’y a que lui. Que lui qui n’est pas là.
Le sexe est partout. Le sexe est tellement partout qu’on finit par penser qu’il s’agit de quelque chose de banal, ou de facile d’accès.
Dans les publicités, à tous les coins de rue
Dans la musique, dans les clips
Dans les films
L’aboutissement, l’objectif d’une action ou d’une personne (dans un film) est souvent une relation avec quelqu’un d’autre, relation qui se conclut (rapidement) par un rapport sexuel.
Sur internet, on accède en 2 clics à toutes les images pornographiques correspondant à tous les désirs, des plus répandus aux plus singuliers.
Il est même possible aujourd’hui grâce aux sites de rencontres de verbaliser des propositions ou des demandes sexuelles au bout de quelques messages échangés avec un(e) inconnu(e), quand il ne s’agit pas du premier message reçu (ou envoyé). Certaines personnes abordent même ce sujet avec plus de facilité que pour inviter quelqu’un à prendre un café ou à aller ensemble au cinéma.
Longtemps, j’ai recherché plus ou moins inconsciemment des relations douloureuses et destructrices, avec des mecs pas vraiment bienveillants (ceci est un euphémisme). Typiquement, je voulais des relations toutes douces et je me trouvais dans des histoires beaucoup plus masochistes (sentimentalement hein, calmez-vous). Une fois que j’avais trouvé celui qui m’a(b)imait bien correctement, je faisais tout pour qu’il reste à mes côtés, alors que le bon sens aurait dû me pousser à fuir ce type de relations. À poser des limites, à aller à la rupture, à dire non, à me défendre, à ne pas accepter l’inacceptable.
Cette formule est partout, mais pour moi, elle sonne comme une arnaque.
The future, c’est quand ?
Et moi, que suis-je en attendant ?
Pourquoi pas « the present is female » ? Qu’est-ce qui bloque ?
Qui sait, peut-être qu’on disait la même chose en Grèce antique (bon, pas en anglais, je ne sais pas comment on traduit the future is female en grec ancien, mais vous voyez l’idée.)
Faisons en sorte que le changement se produise maintenant, aujourd’hui.
Nous sommes fatiguées d’attendre, fatiguées d’être patientes.